Les Mornings : des petits-déjeuners pour décrypter et se projeter…

Le 9 juillet 2015, au CESE (Conseil économique, social et environnemental), avec le soutien de l’Ademe et d’ERDF, s’est tenu le second Morning de l’année 2015. En voici, un résumé avec les interventions d’Alexandre Jardin et de Vincent Baholet, les protagonistes de la « battle » et la conclusion de Bettina Laville…


Introduction par Gilles Berhault, Président du Comité 21, délégué général d’Acidd :

Ce Morning est consacré à l’approfondissement du thème que nous avons lancé l’année dernière, pendant l’UECDD (Université d’été de la communication pour le développement durable) : « Nouveaux mythes, nouveaux imaginaires ». Il s’agit de traiter des sujets du développement durable, des sujets sérieux, en sortant de la culpabilisation, en développant de nouveaux imaginaires qui permettent de passer à l’action. Concrètement, je propose que l’on prenne l’exemple de SolutionsCOP21, au Grand Palais, pendant la COP21 qui sera un lieu pour montrer les solutions qui existent déjà, qui, grâce à des conférences, des pavillons, des performances d’artistes, enverra un message for aux négociateurs : « Regardez, la société est en train de bouger. Soyez ambitieux ! ». Comment faire pour que le visiteur qui entrera au Grand Palais (peut-être après être passé au marché de Noël en bas des Champs Élysées, haut-lieu du développement durable…) s’implique et passe à l’acte ?

 

Alexandre jardin, romancier, initiateur du mouvement citoyen « Bleu, blanc, zèbre » :

Nous sommes un Do tank qui réunit des « faizeux », ce que certains appellent des « makers ». Nous en avons déjà embarqué 150 sur notre site (www.bleublanczebre.fr) : des entreprises, des élus locaux, des associations, des structures de l’économie sociale et solidaire… Nous allons lancer au mois de septembre des « bouquets d’action » avec des objectifs chiffrés sur 2 ans. Notre objectif est d’enraciner ces actions dans la société civile : elles permettront de résoudre un problème de la société, toujours en impliquant les citoyens dans sa résolution. Elles seront également toujours en relation avec l’action des élus locaux, des maires pour les implanter dans les territoires… Ces bouquets d’actions et de solutions sont réunis par thématiques : éducation, accès à l’emploi (un Pôle Emploi citoyen va être mis en place), entrepreneuriat, etc.

Finalement, notre objectif est d’amener des propositions politiques concrètes, portées par les « faizeux, » pour les candidats à l’élection présidentielle de 2017, afin de passer le virage dangereux. L’association sera d’ailleurs dissoute après 2017. Ce qui serait formidable pour SolutionsCOP21 au Grand Palais, c’est si cet événement catalysait ce qui est déjà fait dans la galaxie environnementale par les associations, la Fondation de Nicolas Hulot, etc… pour amener une offre politique, toujours en lien avec les maires et les élus locaux.

Le grand Palais doit aussi devenir un énorme centre de recrutement pour trouver des « troupes ». J’aimerais que les gens qui ressortiront de l’exposition, en ressortent plus forts. Pour cela, il faut également que l’exposition devienne un outil de puissance. Par exemple, nous avons mis en place un outil financier simple pour les Zèbres : un fonds que l’on peut abonder à hauteur de 10 euros/mois. Quand, 9 mois plus tard, les zèbres se réuniront pour 3 jours, pour décider de ce que l’on fait, de ce que l’on finance, les discussions ne seront pas les mêmes, s’il l’on a réuni ainsi ½ millions d’euros.

 

Vincent Baholet, délégué général de la Fondation FACE, Président d’Acidd :

Face a été créé en 1994 par Martine Aubry, sur la thématique de l’exclusion. Son idée, alors qu’elle était Directrice des affaires sociales de Péchiney, a été de partir des entreprises et des territoires pour traiter ce problème. Aujourd’hui FACE réunit 5200 entreprises dans des clubs locaux (structures associatives). Nos trois points d’entrée sont :

- comment fabriquer de l’innovation sociale à partir des entreprises

- partir du local, monter des actions « bottom up »

- articuler ces actions avec la puissance publique, avec l’État

Note approche est d’être dans l’action. Nous avons d’ailleurs renversé le paradigme de la plupart des associations : la cotisation est à 1 euro, car l’important n’est pas « d’être adhérent à FACE, mais les actions concrètes que l’on peut y mener.

Désormais, notre problématique principale est celle du changement d’échelle. Les industriels engagés sont un peu restés dans le « small is beautiful » : avec 12 parrainages, tout les monde est content… c’est pourquoi, nous souhaitons mettre en place des actions qui ont un impact important : par exemple, l’engagement de 5000 jeunes en service civique sur la transition énergétique afin de toucher 600 000 personnes.

Pour Solutions COP21, je pense que l’on n’a pas assez travaillé le lien entre le social et l’environnement. C’est pourquoi, nous allons lancer les « rencontres sociales COP21 » avec le Comité 21 sur les thématiques de la santé, de l’emploi de la précarité.

On pourrait aussi, sur les questions financières, qui sont une bonne entrée, imaginer de renverser le paradigme des PPP (partenariats public-privé) : en montant un projet par exemple à 100 euros, dans lequel 50 euros sont déjà financés et en allant voir les élus locaux en leur disant « on a déjà 50, est-ce que vous mettez 50 aussi ? ».

 

Bettina Laville, co-fondatrice du Comité 21, Conseillère d’État :

Il est difficile de conclure sur un ensemble de propositions de solutions… SolutionsCOP21 au Grand Palais m’apparaît comme une île où les exposants, les contributeurs devraient sélectionner les meilleures idées, puis les partager avec les 50 000 visiteurs attendus, pour garder non pas les meilleures solutions, mais les plus appropriables, car aujourd’hui c’est l’appropriation qui me semble le facteur le plus important pour passer à l’acte.

Pendant la COP21, nous allons être envahi de chiffres : 1,5° ; 2° ; 3,5°…

Les peuples du Sud, dans le droit fil de la Conférence qui va se tenir à Addis Abeba, sur l’aide au développement vont revenir vers nous en nous disant : combien ? Le problème, c’est que tous ces chiffres sont faux : ainsi, on sait déjà que l’on ne sera pas dans la limite des 2°. Les chiffres du Nord sont faux car ils ne sont pas respectés. Devant la méfiance qui s’est donc installée autour des chiffres et de leur non-respect, je ne suis pas pour que l’événement au Grand palais en fixe encore de nouveaux. Il faut certes fixer des objectifs mais non chiffrés.

Pour moi, le cœur du sujet au Grand Palais, dans cette « île », ce sera de savoir si nous pourrons dégager un projet collectif avec les entreprises,, ONG, collectivités, etc… ou si nous ne pourrons présenter qu’une somme de projets individuels. De la même façon que le problème de la conférence des Chefs d’État sera d’aboutir à un engagement vraiment collectif.

On pourrait donc imaginer qu’une sélection des solutions les plus appropriables soit ensuite portée dans les régions. Et puis, depuis cet île du Grand Palais, comme les COP sont un mouvement perpétuel (il y en a une tous les ans), on imagine un chemin de villes pour aller à la COP22 à Marrakech au Maroc, en passant par Bordeaux, l’Espagne, Tanger…