Un nouvel horizon pour les transitions : Pascal Durand, député européen

Tout d’abord, merci de m’avoir invité… La fidélité des idées, la fidélité politique c’est quelque chose d’important. Je n’oublie pas que lorsque l’on a fait en 2008/2009 Europe Écologie, c.a.d. la première tentative en France d’ouverture de la politique traditionnelle, on a été totalement exclus des débats politiques : personne ne voulait reconnaître le phénomène Europe Écologie comme une ouverture sur la société civile. Et je me souviens - et je vous en sais gré - que les premiers à m’avoir invité pour parler de cette nouvelle vision de la politique, ce sont les Universités d’été d’ACIDD qui se tenaient, à l’époque, dans le Luberon.

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Le rejet de la classe politique traditionnelle n'est pas simplement un phénomène français : on voit très bien que le phénomène est également en route en Europe. Il y a une demande de renouvellement absolument considérable des pratiques politiques. Mais comme le répète souvent Dany Cohn-Bendit : l'Europe ce n’est pas la France en plus grand… La première chose que l'on peut constater c’est qu'il existe une particularité française : c’est d’abord l'âge de sa classe politique traditionnelle, au Parlement, au Sénat, dans les Ministères… C'est un peu en train de bouger mais  globalement on a quand même un âge moyen très élevé. La deuxième chose c'est que la France a une classe politique qui, à travers sa formation - notamment par l’ENA qui avait beaucoup de bons côtés au départ - a créé une sorte de nomenklatura politique que l'on ne retrouve pas dans les autres pays.

Au Parlement européen, il n'y a pas de majorité politique. Donc on est obligé de construire des majorités d'idées et ça, ça change énormément : quand vous avez un projet en France, on

voit très bien que, quand le projet n’est pas consensuel, on passe « au canon » que ce soit le 49.3 ou autre... Mais on peut imaginer une nouvelle manière d’écouter l’autre, de respecter l'autre. Ça a été le cas au Grenelle de l'environnement : il y a eu une démarche politique une volonté qui a modifié la manière dont on s’est respecté, on s'est parlé. Les ONG ont pu discuter d'égal à égal… avec le Medef. Ça a été une avancée considérable parce que les gens se sont entendus et écoutés.

Enfin, il faut arrêter d’opposer l'économie et l'écologie, d'opposer la productivité et la compétitivité au respect des règles environnementales. Il faut arriver à démontrer que tout ça est lié : l'espace que normalement l'écologie doit porter, c'est celui du développement durable au sens noble, ce point d'intersection ce point de rencontre entre l'environnement, le social et l’économie.