2. « Une transition socialement juste ? »

Comment organiser la transition vers une économie pauvre en carbone qui soit juste socialement et porteuse d’un projet de société durable ?

La transition écologique et énergétique va en effet développer des emplois nouveaux qui devront être enrichissants sur tous les plans. Mais elle va aussi en détruire dans des secteurs qui vont disparaître ou être complètement révolutionnés, demandant un fort renforcement de capacité, et une formation initiale revue.

La transition numérique, les nouvelles technologies comme les nanotechnologies, l’intelligence artificielle, les imprimantes 3D, les biotechnologies ou encore le big data transforment emploi et employabilité, font disparaître emplois et fonctions sociales, interrogent sur la vie privée et la gouvernance politique… Quelle sera transformation du marché du travail, des emplois existants ? Comment organiser la formation aux nouveaux processus et aux nouvelles technologies, protéger ceux qui sont les plus vulnérables ?

 

Comment ne laisser personne au bord de la route de la transition ? Prendre en compte ceux qui sont déjà en très grande précarité, qu’elle soit économique, psychologique ou sanitaire ?

 

 De l’emploi vers le travail

Pour aller progressivement vers un monde où le travail serait déconnecté du « droit de vivre » (accès au droit sociaux minimas sociaux, logement, santé etc.), où le travail ne serait plus qu’une forme d’activité rémunérée et de participation à la vie sociale et citoyenne, il faudrait :

  • permettre aux gens d'adhérer à diverses causes d’intérêt général correspondant à leurs valeurs, en constituant des structures ou des tiers-lieux d’échanges et de vie sociale puis en déléguant leur fonctionnement aux individus qui continueraient à les co-développer.
  • mettre en place le revenu universel, rémunéré par l’impôt, pour garantir le « droit de vivre ».

 

Ré-ancrer la richesse dans les territoires

Les géants du numérique contribuent à raréfier la richesse, là où elle se crée pour l’essentiel, dans les territoires : captation de la valeur ajoutée (travail gratuit et les données des internautes), baisse des prix sous l’effet de la concurrence livrée aux entreprises qui servent la demande locale, éclatement des chaines de valeur, avec pour résultat moins de recettes fiscales et sociales.

Pour ne plus laisser s’échapper la richesse :

  • sortir de « l’argent dette » en développant des monnaies locales complémentaires ;
  • lutter contre l’évasion fiscale (imposer les multinationales) ;
  • sensibiliser des jeunes à la prise de risque (formation à l’entrepreneuriat) pour miser sur l'innovation sociale, l'ESS, favoriser de nouveaux collectifs de travail.
  • Pour mieux partager la richesse créée :
  • Rémunérer les services rendus au collectif : par exemple les territoires zéro chômage (faire travailler des chômeurs de longue durée en adéquation avec les besoins privés et/ou publics d'un territoire) ; mieux rémunérer le travail associatif ;
  • Droit à l'expérimentation / faire travailler ensemble entreprises et collectivités.

 

Rendre le CDI plus attractif

Le contrat de travail est le socle du droit du travail. Il faut le préserver certes, mais il faut aussi l’actualiser pour en faire un outil d’équité sociale.

Pour y arriver, plusieurs aménagements et actions peuvent s’opérer :

  • permettre plus de souplesse pour conjuguer vie professionnelle, vie privée et engagement sociétal
  • Inclure davantage les collaborateurs dans le projet et la gouvernance des entreprises afin qu’ils ne se sentent être instrumentalisés.
  • permettre aux collaborateurs de consacrer une partie de leur temps à la création d'entreprise
  • garantir la sécurité sociale professionnelle : c’est à dire la sécurité des individus à bénéficier de prestations sociales (droits à la formation, retraite) tout au long de leur parcours professionnel quelque soit leur situation (en activité ou au chômage) : une sécurité sociale professionnelle attachée à l'individu, indépendamment de l'entreprise.
  • faire bénéficier les auto-entrepreneurs des aides publiques.
  • valoriser davantage les entreprises qui ont un impact social positif (ex : clauses sociales dans les marchés publics ; mécénat de compétences etc.)
  • inclure l'atteinte d'objectifs extra-financiers dans la rémunération. Priorité à l'utilité. A concilier avec les objectifs de rentabilité de court terme.
  • valoriser davantage ceux qui font, par exemple les entreprises ancrées dans leurs territoires. Faire travailler ensemble, entreprises et pouvoirs publics.