Edito newsletter de mars 2017

Politique et développement durable, lost ? ou transition ?

 

La campagne présidentielle française est surprenante. Au delà de ses rebondissements, elle amène un vrai bouleversement dans les méthodes, à la fois intéressant et inquiétant. La question des médias traditionnels y est centrale. On peut évoquer la petite phrase de Pierre Péan, intervenant il y a quelques années dans une université d’été d’ACIDD : « les médias ont pris le pouvoir, leur intelligence c’est de faire croire aux politiques qu’ils l’ont toujours ». Ce monde de communication où nous sommes entrés  n’a jamais été aussi proche de la « société du spectacle », annoncée par Guy Debord.

C’est d’autant plus intéressant que, pour la première fois, on se rend compte qu’Internet peut influencer directement les scrutins, que ce soit par de la désinformation ou tout simplement par la transparence. Hilary Clinton ou Alain Juppé s’en sont rendus compte.

Chacun a besoin de plus de compétence individuelle pour analyser, comprendre et participer à la décision. Cela impose à chacun d’assumer pleinement son individuation pour en faire une force, dans une nouvelle structure du collectif vers une démocratie plus contributive[1]. Mais cela questionne aussi les différences générationnelles. Je suis né dans une maison où il n’y avait pas la TV : 50 ans après mes enfants qui voteront dans 4 ou 5 ans ne la regardent jamais et surtout pas les JT qui sont encore le point de repère de dizaines de millions de français.

Comment peut-on alors trouver un horizon commun ? Ce sera l’objet de notre conférence le 22 mars, organisée avec l’AFD qui devient partenaire d’ACIDD.

 

L’autre nouvel aspect de la campagne électorale est la façon d’aborder les questions de l’environnement et du climat. Au delà d’être marqué par la disparition d’une candidature écologiste, phénomène nouveau dans la politique française, il est intéressant d’apprécier la grande place accordée à ces sujets. Mais il y a un vrai clivage de forme. L’arrivée forte de l’écologie chez les partis anciens est intéressante, mais très classique et traitée comme un sujet en tant que tel. Chez « En Marche », l’approche est très différente, tout en transversalité, et particulièrement présente dans le volet économique y compris en proposant un « autre modèle de croissance ». Ce clivage est intéressant, il démontre où la démarche est plus inclusive. On retrouve  le même débat qui avait traversé l’Éducation nationale sur l’éducation à l’environnement : matière spécifique ou transversale ?

 

Mais la grande absente de ces programmes électoraux est la question de l’horizon et donc de notre capacité à partager un imaginaire commun, cohérent malgré la complexité et fondé sur des valeurs. C’est ce qu’avait exploré le premier Lab d’ACIDD en 2015, qui avait permis la publication du livre « Nouveaux mythes, nouveaux imaginaires pour un monde durable » (ed. Petits Matins) dont je vous encourage à la lecture, ô combien d’actualité.

 

J’espère que vous serez présent le 22 mars. C’est aussi le moment de nous rejoindre en tant que partenaire. C’est une vraie opportunité pour l’organisation dont vous faites partie de participer et d’anticiper les transitions en cours. C’est aussi l’occasion de rencontrer les personnalités de l’économie, des territoires et de la société les plus innovantes.

 

Je voulais aussi vous inciter à rejoindre le Comité 21. Une des clés est dans la capacité de collaboration multiacteurs. C’est l’expertise du Comité 21. J’ai eu beaucoup de plaisir à le présider pendant 6 ans, et je suis  particulièrement satisfait de l’évolution qu’il prend sous la présidence de Bettina Laville. Regardez le programme et adhérez (www.comite21.org). Je crois que c’est le bon moment.

 

Les transitions en cours sont rapides, souvent déstabilisantes, mais elles seront favorables si chacun y prend part. L’affirmation des Nations Unies lors de la création des Objectifs mondiaux de développement durable (ODD), « ne laisser personne au bord du chemin », prend pleinement son sens si elle se comprend par : mettre chacun en capacité d’agir au sein de l’économie et dans tous les territoires.

 

Gilles Berhault

Délégué général d’ACIDD

Twitter #gillesberhault

 


[1] Métamorphose numérique. Edition Alternative/Gallimard. 2014. Chapitre démocratie Gilles Berhault

 

 

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